Chine : plus d’un million de musulmans détenus dans des « camps de rééducation »

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“Halima est une secrétaire en université à qui l’administration avait commencé par lui reprocher ses[...]En savoir plus ”

Selon un rapport publié par la Fondation Jamestown, entre 700 000 et un peu plus d’un million de musulmans sont détenus dans des « camps de rééducation de masse » dans la province du Xinjiang en Chine.

Le rapport stipule que « la “guerre contre le terrorisme” déclarée par l’État dans la région est devenue une guerre contre la religion, les langues ethniques et toute expression de l’identité des musulmans. »

Plusieurs organisations des droits de l’homme affirment que le contrôle exercé par les autorités chinoises sur la religion, la culture et la liberté de mouvement au Xinjiang est plus sévère que jamais.

Une commission américaine sur la Chine a déclaré qu’il s’agit aujourd’hui de « la plus grande incarcération de masse d’une minorité dans le monde »...

DES « SIGNES DE RADICALISATION »

La région du Xinjiang a, depuis plusieurs années, été transformée en un État sous stricte surveillance policière avec des postes de contrôle installés un peu partout. Les musulmans sont obligés de laisser les autorités chinoises surveiller leurs activités en ligne. Le gouvernement chinois y interdit les longues barbes et les voiles qu'il estime être des signes de radicalisation. Les « expressions de sentiments religieux » sont considérées comme « ostentatoires » et peuvent mener à une arrestation.

Tout musulman qui prie régulièrement ou qui est surpris avec du contenu religieux sur son smartphone fini en prison ou dans un des camps d’endoctrinement politique du pays. Ceux qui sont partis à l’étranger pour étudier l’Islam reçoivent à leur retour une peine de 10 à 15 ans de prison.

Minaret de Guang Ta de la mosquée (fondée en 627) de Huaisheng à Guangzhou, Chine. 

Dans ces centres de détentions massives d'acculturation, Pékin applique un programme d’internement qui vise à modifier la vision politique des détenus, à effacer leurs croyances islamiques et à remodeler leur identité.

Il y a quelques années, un rapport publié par Human Rights Watch avait établi que plus d’un million de cadres du Parti communiste sont dépêchés pour passer des journées entières chez des familles musulmanes du Xinjiang. Ils y effectuent un endoctrinement politique et informent leurs supérieurs du « progrès » des membres de chaque famille. 

Mais ce qui préoccupe aujourd’hui le plus est la découverte des centres d’endoctrinement où environ un million de musulmans sont contraints de renier leur identité, leur passé et leur religion

UNE ACCULTURATION FORCÉE

Le rapport de la Fondation Jamestown décrit des conditions de vie extrêmement pénibles dans les centres de rééducation.

Les détenus doivent se réveiller avant l’aube pour chanter l’hymne national et hisser le drapeau chinois. Ils se rassemblent ensuite dans de grandes salles pour apprendre des « chants rouges » comme « sans le Parti communiste, la nouvelle Chine n’existerait pas ». Avant chaque repas, les détenus sont ordonnés de chanter : « Nous remercions le Parti ! Nous remercions la patrie ! Nous remercions le président Xi ! »

Une femme ouïghoure passe devant une école islamique fermée en juillet 2017 dans la vieille ville de Kashgar, dans l’ouest de la province du Xinjiang, en Chine.

Ils sont également obligés de suivre des cours de langue et d’histoire chinoises. On leur enseigne que les peuples autochtones d’Asie centrale du Xinjiang furent arriérés et réduits à l’esclavage avant d’être « libérés » par le Parti communiste dans les années 1950.

Durant les « cours de rééducation » quotidiens où ils sont supposés absorber la propagande communiste, les détenus sont humiliés et subissent un lavage de cerveau continu.

Le rapport recueille les témoignages d’anciens détenus qui décrivent l’endoctrinement qui a lieu lors des cours. Un par un, ils doivent se lever devant leurs 60 camarades de classe pour critiquer leur histoire religieuse. Ceux qui répètent le mieux le discours de propagande et critiquaient le plus les autres musulmans, reçoivent des points et peuvent être transférés dans des bâtiments plus confortables.

Les femmes musulmanes doivent s’excuser d’avoir porté de longs vêtements islamiques, d’avoir prié ou encore d’avoir enseigné le Coran à leurs enfants.

TORTURES PHYSIQUES ET PSYCHOLOGIQUES

L’instruction a pour objectif de démontrer à quel point la culture traditionnelle ouïghoure serait rétrograde. On y oppose l’islam (« fondamentaliste » et « répressif ») au parti communiste (« progressiste »)

Si les détenus sont prêts à reconnaitre « la nature arriérée » de leur culture et religion, ils sont récompensés. On les oblige à répéter ces « confessions » au point où, au moment de leur libération, ils ont la conviction qu’ils sont redevables à la patrie et qu’ils ne pourront jamais suffisamment honorer le Parti.

Le rapport fait aussi état de nombreux actes de torture. Il suffit de dire « alhamdulillah » (louange à Allah) pour être sévèrement puni par les instructeurs. Les détenus sont torturés physiquement et psychologiques afin qu’ils rejettent entièrement leur croyance musulmane. Plusieurs anciens détenus ont témoigné qu’ils ont été forcés à manger du porc. Ceux qui sont accusés d’être des « extrémistes religieux » sont obligés de boire de l’alcool. 

En journée, ils sont soumis à des séances de lavage de cerveau de quatre heures où l’on prévient contre « les dangers de l’Islam ». Un questionnaire leur est présenté dans lequel ils doivent répondre à des questions qui visent à dénigrer leur religion. S’ils ne donnent pas les réponses voulues, ils sont contraints à rester debout durant de longues heures.

Tout détenu qui refuse de se soumettre à l’endoctrinement subit une session de « waterboarding » (torture par l’eau) ou est mis dans la « chaise du tigre », un instrument de torture à laquelle la victime est attachée durant 24 heures. Certains ont été placés pendant 12 heures dans une combinaison en fer qui limite tout mouvement.

Selon le rapport, plusieurs détenus se seraient suicidés à la suite de ces tortures.

Une femme ouïghoure balaie devant sa maison dans la vieille ville de Kashgar, dans la province du Xinjiang, en Chine.

VERS UNE « SOLUTION FINALE » ?

Les musulmans de la région du Xinjiang subissent aujourd’hui un vrai ethnocide (génocide culturel). James Millward, historien de la Chine à l’Université de Georgetown, a déclaré que « l’épuration culturelle est une tentative de Pékin pour aboutir à une solution finale au problème du Xinjiang ».

Pour Rian Thum, professeur à l’Université Loyola de La Nouvelle-Orléans, le système de rééducation de la Chine remémore « certaines des pires violations des droits de l’homme de l’histoire » et « laissera des séquelles psychologiques à long terme et un traumatisme multigénérationnel dont beaucoup ne se remettront jamais ».

Dans les médias d’État, les autorités chinoises se défendent en déclarant que les changements idéologiques sont nécessaires pour combattre l’extrémisme de la minorité musulmane. Un responsable a comparé les musulmans à de mauvaises herbes qu’il faut détruire :

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Vous ne pouvez pas éliminer, une par une, toutes les mauvaises herbes cachées dans les récoltes des champs. Vous devez utiliser des produits chimiques pour tous les tuer. Rééduquer ces gens, c’est comme pulvériser des produits chimiques sur les cultures. Il s’agit d’une rééducation générale, qui ne se limite pas à quelques individus. 

 RFA (Radio Free Asia), Washington DC

À plus d’un égard, le traitement des musulmans de Chine ressemble à celui que subissent les musulmans en France et en Belgique. Là aussi, sous couvert d'une lutte contre la radicalisation, on souhaite déraciner et faire apostasier les générations à venir au sein de la communauté musulmane. 

En Belgique, à partir de la rentrée 2018, des « cours de citoyenneté » deviendront obligatoires dans les écoles publiques néerlandophones de la capitale. On y appliquera « l’approche Benzine » (du nom de Rachid Benzine, le dirigeant de la secte des Coranistes en France) qui enseigne que les croyances musulmanes relèvent du domaine de la mythologie et qui sous-entend que le Prophète ﷺ fut un imposteur(( En savoir plus ici )).

La France ne tardera probablement pas à appliquer ce même type d'« approche » dans ses écoles pour remodeler l'identité des enfants musulmans. Si les musulmans ne s’organisent pas pour contrer la politique d’acculturation que poursuit leur gouvernement, ils risquent de subir le même sort que leurs frères et sœurs chinois dans la province du Xinjiang…((Sources: Gerry Shih, “Permanent cure’: Inside the re-education camps China is using to brainwash Muslims”, (Associated Press) & Simon Denyer, “Made To Eat Pork, Tortured: China Muslim “Reeducation” Camps’ Ex-Inmates”, The Washington Post.)) 



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La politique d’acculturation que mène la France est avant tout basée sur un mépris de l’autre et trouve ses racines dans l’expédition coloniale de Napoléon en Égypte (1798-1801) qui mit en place des structures dites musulmanes et entièrement manipulables pour contraindre les musulmans à s’acculturer aux valeurs françaises.

« L’acculturation des Musulmans de France — La Dernière Conquête Coloniale » tente de clarifier la réalité actuelle des musulmans de France dans une continuité d’événements historiques qui ne peut être conçue indépendamment du vécu colonial des pays islamiques...


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Chercheur à l'Observatoire des Islamologues de France

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